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F-52CR SimuPassion
24 avril 2014

GPS, RNAV, Oui mais...

Dans nos avions commerciaux, et depuis une dizaine d'année on voit progressivement grandir un nouveau mode de navigation, le mode "RNAV" ou "Random Navigation", et ce au détriment de l'ancien mode de navigation aérienne, que j'appelle personnellement "navigation conventionnelle".

Petit rappel technique :
L'ancien système est basé sur des balises de Radionavigation, bien réelles, et fixées au sol. Ce sont ces fameux VOR, LOC, NDB, qui émettent des signaux radio, et pour lesquels il est nécessaire de disposer, à bord des avions, de moyens de réception type NAV/OBI pour les VORs et les LOCs, ou ADF pour les NDBs. Et ces instruments peuvent aussi être complétés par un autre, le DME, qui dialogue avec ceux au sol quand ils sont aussi "/DME".

Le nouveau mode RNAV est basé lui sur :
- D'une part la création de points fictifs aux coordonnées parfaitement définies en latitude et longitude et entre lesquels on trace les segments rectilignes des routes,
- Et d'autre part à l'utilisation dans nos avions de systèmes GPS couplés aux FMC ou MCDU qui ont en mémoire ces points et ces routes, et qui sont alors capables de diriger les aéronefs en fonction d'un choix défini dans un plan de vol.

Et ce GPS, qu'est ce que c'est ?
Sans rentrer dans les détails, c'est un système américain, le "Global Positioning System", basé sur l'utilisation d'une trentaine de satellites qui tournent autour de notre planète à une distance correspondant à la moitié de sa circonférence, ou 1.6 fois son diamètre (environ 20 000 km).
Ils émettent des signaux radio pour lesquels la connaissance de la vitesse de transmission de ces signaux alliée à la connaissance rigoureuse de l'heure (du temps) permettent à de puissants et rapides moyens au sol de calculer des distances, éléments essentiels à la définition d'une position dans un environnement en 3 dimensions.
Ces moyens de calcul au sol ne sont rien d'autres que la minuscule puce GPS qui équipe nos smartphones ou autres Tomtom, et qui permet non seulement de recevoir ces signaux, mais aussi de calculer avec précision où l'on se situe sur cette planète, par la résolution permanente d'un système d'équations à plusieurs inconnues.

Avec précision ai-je écrit. Çà n'a pas toujours été le cas. Ce système conçu par et pour l'armée américaine avait au départ, pour nous civils, une précision bien inférieure : De l'ordre de 100 mètres.
Et ce n'est qu'en 2000, sous l'impulsion de Bill Clinton, que les américains ont cessé de brouiller les signaux des satellites qui le composent, permettant la précision actuelle de l'ordre de 10 mètres.

S'en est suivi alors ces dernières années un développement considérable de "nos GPS", appellation évidemment impropre, avec pour l'aviation ce nouveau mode de navigation, le "RNAV".

Or depuis environ 2 ans que constatons nous dans les mises à jours mensuelles de nos cartes de navigation, plus particulièrement sur les procédures de départ ou d'approche de nos aéroports ?
Elles sont de plus en plus définies avec ces points fictifs que sont ces "intersections" (ou ISEC) nommées avec 5 caractères.

Ce qui en soi ne serait pas un problème, si simultanément on ne voyait pas aussi disparaître les anciennes procédures, celles basées sur ces balises au sol bien réelles, avec une autre conséquence plus grave :

La  disparition de ces balises elles-même !


Si demain plus aucune procédure ne se sert de ces moyens que sont les VORs ou les NDBs, alors ces moyens deviendront inutiles.
Et comme ces moyens ne sont pas virtuels, et donc qu'ils représentent aussi un coût, important, particulièrement d'exploitation et d'entretien, alors ils disparaitront eux aussi.

Un exemple pour confirmer ma crainte, et parce qu'en plus "je l'ai vu venir" :

Au printemps 2013, les Suisses ont complètement revu la procédure d'approche de l'aéroport de SION (LSGS).
Ils ont créé 3 points virtuels (GS601, GS602, GS603) permettant de définir la grande boucle qui démarre à la verticale de Sion et se termine à la verticale du glacier d'Aletsch, avant de pouvoir s'établir sur l'IGS pour la descente.
Et ils ont supprimé alors la magnifique procédure VOR/DME qui consistait à parcourir la radiale 086 du VOR de Montana (MOT 115.85), sur une distance de 25 nautiques, avant de faire un large virage à gauche vers ce même glacier.
Le VOR de Montana ne servait qu'à cette procédure d'approche : Placé à une altitude respectable sur le coté droit de cette haute vallée du Rhône, il permettait un DME sans trop d'erreur compte tenu de l'altitude élevée de la procédure à emprunter (17 000 pieds). (Voir "mes aéroports dangereux").
Constatant que cette procédure n'existait plus, je me suis dit alors : Mais ce VOR devient inutile, tu vas voir, ils vont le supprimer !
Nous sommes un an plus tard, et c'est fait !

J'ai les mêmes inquiétudes en ce moment pour le VOR de Chambéry, placé sur la montagne du Grand Colombier, juste au dessus de Culoz : "CBY 115.4" apparaît de moins en moins sur les procédures d'approche (de Genève, Chambéry ou Annecy), et il apparaît même maintenant en grisé sur les cartes...

Pour ceux qui n'ont jamais vu à quoi ressemblait un VOR, voici quelques photos personnelles de CBY 115.4 prises le 25/03/2012. Notez bien qu'ils ne sont pas tous aussi "démesurés".

CBY_vue_gen

CBY_vue_det

CBY_pancarteSi vous ne connaissez pas ce lieu, n'hésitez pas à y monter car de là-haut la vue sur le lac du Bourget et le canal du Rhône est magnifique.

Placé à 1458 mètres d'altitude (4783 ft), je vous laisse imaginer le coût d'un tel équipement, son coût d'exploitation aussi, sachant que pour l'alimenter il a été nécessaire de construire une ligne électrique moyenne tension spéciale depuis les rives du Rhône juste au dessous, et que la route pour y accéder l'hiver n'est pas déneigée (oui je sais, maintenant il y a les motos-neige...)


"Pourquoi cette inquiétude" me direz-vous peut-être, "le système RNAV coûtera moins cher, et c'est tant mieux"

Oui, sauf que pour des raisons de fric, quand on aura retiré ou laissé à l'abandon tous ces "vieux" moyens de radionavigation au sol, imaginez que le contexte géopolitique mondial évolue défavorablement, et que les américains n'en viennent à nouveau à brouiller leur système GPS :

J'ai bien peur qu'alors tous nos avions civils ne soient cloués au sol !

Nous sommes en train de devenir totalement dépendants de "leur GPS" : Le système Européen "Galileo", système civil qui devait gommer ce risque, et qui devait le concurrencer dès 2003/2004, en est toujours en 2014 au stade des essais.
Incroyable !

Et selon mes dernières informations il ne sera pas opérationnel avant 2019/2020...

Dans ces conditions il faut donc éviter que le "GPS" n'entre dans la liste déjà longue des "infrastructures critiques".


Dans ce domaine aussi nos choix d'aujourd'hui conditionneront notre vie de demain.

 

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Commentaires
T
Bonjour, ceci est un très bon commentaire sur le RNAV et, d'une manière générale, la dépendance à une technologie unique. Je me permets d'ajouter ici la conclusion d'un article (“A comment on old school navigation and modern airliners”) que j'avais écris à ce sujet sur mon propre blog.<br /> <br /> <br /> <br /> "With the developping Required Navigation Performance procedures, most of the routes and airways are not based on VOR anymore. Instead, fixes are described as geographic coordinates in the WGS-84 format. It seems that in the future of aviation, VOR beacons should be switch off one day. It is not without drawbacks. Because you have to possess a great confidence in your IRS and GNSS signals. Ground beacons are a great way to improve the strengthness of your mean of navigation. They are still used for position updating by FMS but we can see that there is a global move to release ourselves from ground navaids, first with the RNAV and RNP approaches and now with the disparition of VOR tracking capability (and ADF sensors) from the most modern aircraft. This acknowledges a pilot practice but reduces the number of backup systems offered to the pilot (or the auto-pilot) and reducing his basical skills in conventional navigation."<br /> <br /> <br /> <br /> Salutations
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